Par François CASTERAN
(AFP) – L’automne 2006 en France aura été le plus chaud depuis 1950, avec des températures supérieures de 2,9 degrés à la moyenne saisonnière sur les trois derniers mois, mais le phénomène ne peut être considéré à lui seul comme un signe du réchauffement climatique, indique-t-on à Météo-France à Toulouse.
Selon Serge Planton, du Service de recherche sur le climat à Météo-France, “cela va dans le sens de ce à quoi on s’attend, mais on ne peut pas en tirer des conclusions”. “Les enseignements ne peuvent être tirés que de la répétition” sur plusieurs dizaines d’années, a-t-il déclaré à l’AFP.
“De la même manière, on ne peut pas tirer de conclusions de la canicule de 2003, même si des études menées en Angleterre ont montré que les émissions de gaz à effet de serre doublaient les probabilités de l’occurence d’un tel phénomène”, ajoute le météorologue.
“Nous constatons simplement que les moyennes continuent d’augmenter”, dit-il en rappelant que depuis qu’il existe des statistiques climatiques, “les dix dernières années les plus chaudes l’ont été au cours des 17 dernières années”.
Par ailleurs, souligne le météorologue, “la variabilité qu’on constate d’une année sur l’autre peut masquer une évolution (vers un réchauffement) qui n’est pas forcément spectaculaire”.
La douceur de l’automne a déjà des conséquences pour les professionnels du tourisme. Dans les stations de ski pyrénéennes, l’ouverture des pistes prévue début décembre risque d’être retardée faute de neige, alors que l’année dernière les massifs avaient bénéficié d’importantes précipitations.
Les ornithologues constatent eux aussi un changement de comportement des oiseaux migrateurs. “Les oies cendrées venant de Scandinavie ou d’Europe de l’est pour hiverner entre les Pays-Bas et le sud de l’Espagne ne sont arrivées qu’en petit nombre et il est vraisemblable qu’elle resteront sur la partie haute de leur zone” où elles trouvent de la nourriture, indique à l’AFP Francis Meunier, de la Ligue de protection des oiseaux (LPO).
Pour Michel Schneider, ingénieur à la direction de la climatologie à Méteo-France,”ce genre de phénomène ne peut être mis en lien direct avec le réchauffement climatique, mais ce que l’on observe aujourd’hui est cohérent avec les scénarios climatiques”. Le phénomène qu’on constate aujourd’hui sur toute l’Europe de l’Ouest avec des températures élevées notamment en Suisse, Allemagne et Danemark est “un problème de grande circulation générale de dépressions et d’anti-cyclones”, a-t-il expliqué.
Selon lui, “on s’oriente vers une anomalie de températures de 2,9 degrés pour l’ensemble de l’automne. Ce qui situe cet automne au rang des plus chauds depuis 1950, loin devant les automnes 2005 avec plus 1,4 degré et 2000, plus 1,1 degré”.
Le mois de septembre a été supérieur de 2,9 degrés à la normale et de 3,3 en octobre, ce qui place ces deux mois au second rang des plus chauds depuis 1950. Novembre devrait également dépasser de 2,4 degrés la normale saisonnière, le portant au quatrième rang des mois les plus chauds depuis 56 ans.
“Après une semaine particulièrement fraîche, novembre a ensuite connu des températures douces, notamment autour du 15 et du 25. En fin de mois, les observations supérieures a 20°C ont été nombreuses sur la moitié sud de la France.
Les températures de début décembre devraient rester supérieures à la normale, a-t-il ajouté.