Souffrance au travail : une étude jette un pavé dans la mare

Samotrace, un réseau de médecins du travail, vient de publier une enquête sur le mal-être au travail des salariés dans la revue Santé et stratégies de janvier. Pour la première fois, elle couvre un large éventail de professions.

La souffrance au travail touche les salariés de tous les secteurs. Longtemps taboue, la question snsible du mal-être des salariés au travail est reconnue, peu à peu, comme un problème de santé publique à part entière. En novembre 2008, syndicats et patronat signaient un accord sur le stress au travail.

Une étude très approfondie sur le sujet jette un nouveau pavé dans la mare. Dévoilée par la revue Santé et stratégies dans son édition de janvier, et relayée par Le Monde, cette vaste enquête sur les risques psychosociaux au travail couvre, pour la première fois, un large éventail de professions. Pour cela, de janvier 2006 à mars 2008, 6 050 salariés des régions centre, Poitou-Charente et des Pays de la Loire ont répondu à quelques dizaines de questions. L’enquête est aussi actuellement en cours dans le Rhône et dans l‘Isère.

Cette étude épidémiologique inédite sur les risques psychosociaux au travail repose sur Samotrace (Santé Mentale Observatoire Travail), un réseau de médecins du travail volontaires. Leur objectif : à terme, la mise en place d’un système de surveillance de la santé mentale en lien avec le travail au niveau national.

Premier constat de cette étude : es salariés de tous les secteurs sont touchés par la souffrance au travail. Certains secteurs étaient connus depuis longtemps pour leur pénibilité physique (construction, industrie…). D’autres concentrent une part élevée de salariés manifestant des symptômes « dépressifs ou anxieux » : la fourniture d’énergie, les banques, mais aussi les activités financières, l’administration publique, et les services collectifs.
Autre enseignement, de taille, la souffrance mentale au travail affecte plus nettement les femmes que les hommes : 37% des femmes contre 24% pour les hommes. Cet écart est d’autant plus manifeste par secteurs : près d’un tiers des hommes sondés déclarent leur mal-être au travail dans des secteurs la production et la distribution d’électricité, de gaz et d’eau, l’administration publique, et les activités financières. Dans ces mêmes secteurs, plus de 40% des femmes salariées sont affectées par le malaise au travail. Cela concerne également en moyenne 35% des salariées sondées (conte en moyenne 20% des hommes) dans l’industrie manufacturière, les transports et la communication, le commerce, les réparations automobiles et d’articles domestiques, l’immobilier, la location et les services aux entreprises, la santé et l’action sociale, ainsi que la construction. Quelles formes revêt ce malaise au travail ? 5% des salariées sondées déclarent avoir subi des violences physiques (contre 3,2% des hommes), et un peu plus de 16% ont connu des humiliations ou des menaces, contre 11,6% des hommes sondés. Autre phénomène qui découle de ce malaise au travail, l’alcoolisme, essentiellement masculin. Il est surtout présent dans le secteur de la finance (16,4% des salariés sondés), ainsi que les services collectifs, sociaux et personnels (17%).

Source : Capucine Cousin | LEntreprise.com

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