Impact négatif des chimiques sur la reproduction humaine

PARIS (AFP) – Un rapport consacré à l’impact des substances chimiques sur la santé reproductive, publié par l’association Greenpeace international, met en garde contre l’augmentation des cas de stérilité et les anomalies génitales constatées sur les bébés dans les pays industrialisés.

Le document, “Attention fragile: reproduction et exposition chimique”, fait l’inventaire “de nombreuses études scientifiques parues ces dernières années”, précise mardi Greenpeace dans un communiqué.
Les auteurs notent qu’en 50 ans, “les analyses de sperme révèlent une diminution de 50% du nombre de spermatozoïdes actifs”. Toujours selon le rapport, “depuis 1960, le nombre de couples stériles a plus que doublé dans les pays industrialisés” (de 7 à 8% en 1960 à 15-20% aujourd’hui). La tendance est particulièrement marquée dans certaines zones rurales aux Etats-Unis et au Canada, ainsi qu’en Suède, Allemagne, Norvège, Japon, Pays-bas, Danemark et en Amérique Latine.
En outre, selon l’étude, “le ratio de natalité filles/garçons, traditionnellement favorable aux garçons, s’est inversé”. Le cancer des testicules s’est développé.
Au nombre des anomalies, les auteurs signalent encore la précocité accrue de la puberté chez les femmes observée en Toscane et à Porto-Rico ou chez des immigrantes d’Asie et d’Amérique latine; le développement de l’endométriose (prolifération de la muqueuse tapissant la cavité utérine dans des endroits anormaux) chez les femmes observé aux Etats-Unis (1 sur 10 affectée, entraînant 100.000 hystérectomies par an).
“Les causes exactes de l’augmentation de ces troubles de la reproduction sont encore méconnues”, indique le rapport qui remarque toutefois “que ce phénomène se développe parallèlement à l’essor de la production et de l’utilisation de certaines substances chimiques”.

Selon Greenpeace, plus de 100.000 molécules différentes sont produites et utilisées à l’échelle mondiale.

“Même le foetus dans le ventre maternel est exposé à une multitude de substances qui polluent le corps humain”, souligne le rapport qui rappelle que “de nombreuses études ont démontré clairement que certains produits chimiques sont capables de provoquer des troubles de la reproduction chez les animaux”. Au nombre des “coupables”, l’organisation cite les kylphénols et apparentés (dans les nettoyants, certains produits de soin du corps..); les phtalates (plastifiants, dans les solvants et fixateurs de certains cosmétiques); les composés organoétains (agrochimie, catalyseurs); le bisphénol-A et ses dérivés (production de plastique pour biberons, CD, pare-brises), les muscs artificiels (mélanges de fragrances pour détergents, tissus, après-shampoing et certains cosmétiques parfumés)…

Les substances chimiques citées dans le rapport ne constituent selon les auteurs qu’une petite partie du problème: car “dans leur grande majorité, les molécules présentes dans les biens de consommation courante n’ont jamais été testées et leurs impacts sur la santé humaine et l’environnement n’ont jamais été évalués”, assure l’association.
Pour Greenpeace, la réglementation européenne Reach sur l’usage des chimiques dans l’Union européenne, en cours d’élaboration, devra apporter une évaluation et un contrôle plus stricts de la production et de l’utilisation de ces substances dangereuses.
La rapport (en anglais) est consultable sur le site (www.greenpeace.org/fragile)