L’Abonnement Prévention Conseil version 2006

L’APCI (Abonnement prévention conseil), méthodologie « harmonisée » d’analyse des risques pour les PME PMI.

La nouvelle version de la règle d’organisation APSAD R11 Abonnement prévention conseil Incendie (APCI) permettra un meilleur traitement des vulnérabilités des entreprises avec une prise en compte plus largement reconnue par les assureurs.

Les entreprises commencent aujourd’hui à prendre conscience de leur vulnérabilité et des conséquences qu’un sinistre pourrait avoir sur leur activité à court ou moyen terme, voire sur leur développement et généralement sur leur survie… Les assureurs leur proposent, depuis longtemps des garanties qui leur permettent de faire face aux sinistres en finançant la reconstruction de l’outil de travail et en prenant en charge les pertes d’exploitation, c’est-à-dire les dépenses fixes qui continuent, de courir pendant l’arrêt d’activité.

Mais le problème que les assureurs ne peuvent pas résoudre, c’est celui de la perte de clientèle ou de marchés pendant l’arrêt d’activité. Ces pertes peuvent parfois entraîner la disparition de l’entreprise sinistrée au bout de quelques années, malgré les efforts de tous pour la faire redémarrer au plus vite après le sinistre. L’assurance ne peut donc pas tout et les entreprises ont donc intérêt à réduire leur vulnérabilité en amont de la mise en place des garanties offertes par les assureurs.

Pour déterminer la vulnérabilité Incendie d’une entreprise, une méthodologie est nécessaire. Celle-ci peut s’acquérir notamment au CNPP. Pour leurs besoins de souscription, les compagnies d’assurance possèdent des départements d’ingénierie prévention qui réalisent des audits sur les sites de leurs clients grands comptes et prodiguent des conseils en vue de réduire la vulnérabilité de ces clients. Ces mêmes clients ont parfois eux-mêmes, en interne, les compétences pour apprécier leur niveau de vulnérabilité.

Toucher des entreprises qui ne font pas l’objet de visites systématiques.

Les assureurs visitent plus rarement ou de façon très épisodique, les entreprises de taille moyenne ou petite et celles-ci n’ont pas souvent ces compétences en interne. C’est pour cela que les assureurs créèrent, en 1967, l’Abonnement Prévention Conseil Incendie (APCI) et le prirent en compte dans le Traité d’Assurance des Risques d’Entreprises (TRE DG285 et cl 28-1). L’objectif de cet abonnement étant d’inciter l’entreprise à souscrire un contrat avec un prestataire reconnu qui saura réaliser un audit de sa vulnérabilité et d’avoir des conseils pertinents pour réduire ses vulnérabilités.
L’APCI concerne donc particulièrement les entreprises qui ne sont pas visitées systématiquement par les ingénieurs prévention des compagnies d’assurance. Grâce à lui, les assureurs pourront mieux connaître les entreprises clientes et pourront leur proposer des garanties mieux adaptées à leurs besoins. Confiants dans l’intérêt de la prestation APCI, la profession de l’assurance a également revalorisé sa prise en compte dans le Traité des Risques d’Entreprise (TRE), en recommandant une réduction de 5 à 15% de la prime de base.

Pourquoi un nouvel APCI ?

Au fil des années, le nombre de prestations APCI a diminué et les assureurs, ainsi que les représentants des organismes réalisant ces prestations, se sont réunis pour faire le point, déterminer les raisons de cette diminution et envisager des mesures de relance des cette activité qui concerne tout de même près de 8000 contrats à ce jour. L’état des lieux a permis de mettre en évidence un certain nombre de raisons parmi lesquelles des recommandations inégalement suivies et , chez certains clients, l’oubli de l’objectif premier.

Par ailleurs, les prestataires, rarement en contact avec les interlocuteurs à qui était destiné le rapport d’APCI, n’avaient pas toujours à leur disposition les informations suffisantes pour réaliser une véritable analyse de vulnérabilité. Il arrivait également que les assureurs n’aient pas la même approche que les prestataires de l’APCI, ce qui pouvait conduire à des différences dans les préconisations respectives et une totale incompréhension du client.

La FFSA (Fédération française de société d’assurances) et le CLOPSI (Comité de liaison des organismes de prévention et de sécurité incendie) ont rédigé, avec le CNPP, une nouvelle règle APSAD R11 pour cadrer (définition des moyens et des objectifs) et redynamiser la prestation de l’APCI. Un exemple de rapport est donné en annexe de la règle.

Nouvelles périodicités de visites par le préventeur.

Ce nouvel APCI comporte une modification de la périodicité des visites qui sont de plusieurs types :

  • La visite initiale,
  • Les visites de suivi annuelles,
  • Les visites quinquennales,

La périodicité passe de 6 mois à 1 an pour les visites de suivi car l’expérience a montré qu’il y avait rarement des changements notables dans l’entreprise visitée entre deux visites semestrielles. En partie pour les mêmes raisons, les visites triennales deviennent des visites quinquennales.
Le niveau de responsabilité et de décision des interlocuteurs rencontrés par le préventeur lors de ses visites est déterminant. Lors des visites initiales et les visites quinquennales notamment, il est essentiel que le préventeur puisse s’entretenir avec un dirigeant de l’entreprise.

Information essentielle de l’entreprise sur la mission du préventeur.

La méthode d’analyse des vulnérabilités, enseignée au CNPP et employée de manière quasi-universelle dans tous les domaines de risques, est systématisée et explicitée lors de la nouvelle mission APCI. Cette méthode, dans les missions de l’ancien APCI, n’était pas toujours détaillée et explicitée suffisamment pour convaincre durablement le client de la pertinence des recommandations.

Quant au plan de prévention et de protection, il devra s’attacher en priorité à réduire les vulnérabilités identifiées. Avant tout investissement, le choix des moyens de prévention et de protection et leur échéancier de mise en ?uvre devront êtres validés avec l’assureur, ce qui permettra à ce dernier de prendre en compte les améliorations dans son appréciation du risque.

En matière de communication vis-à-vis du client, le rapport de visite doit présenter le résultat de l’analyse en rappelant les hypothèses retenues qu’il est d’ailleurs primordial de bien valider au préalable avec lui, la prestation APCI devant être considérée, par le dirigeant de l’entreprise, comme un outil de pilotage pour la réduction de ses vulnérabilités. La performance de cet outil dépendra donc directement des hypothèses retenues et de la bonne adéquation des choix en matières de prévention et de protection avec la stratégie de l’entreprise.

Un point essentiel concerne l’information vers le client : pour que cette prestations soit la plus fructueuse possible, une lettre de prévisite sera envoyée à l’industriel pour le sensibiliser aux enjeux de la mission APCI et lui rappeler la méthodologie d’analyse employée.

Il sera également sollicité par l’organisme pour lui envoyer, au moins une semaine avant la réalisation de la mission, les informations sur :

  • la configuration des bâtiments,
  • les différents procédés utilisés
  • les installations techniques annexes,
  • l’organisation économique de l’entreprise,
  • l’organisation en matière de prévention et de protection,
  • les interdépendances avec d’éventuels autres sites.

Ces éléments permettront au préventeur de préparer son intervention et de rentabiliser au maximum le temps utile sur site.

Une amélioration du traitement des vulnérabilités de l’entreprise.

La mise en ?uvre de la prestation APCI, dans sa nouvelle formule, est applicable depuis le 1° janvier 2005. D’ores et déjà, des prestataires se sont préparés à cette évolution en organisant des stages de recyclage de leurs préventeurs, afin, notamment, de revoir les principes de la méthode d’analyse ainsi que sa terminologie pour mieux favoriser le dialogue avec leurs clients.

Grâce à cet Abonnement Prévention Conseil Incendie, les assureurs espèrent donc que le traitement des vulnérabilités des entreprises sera amélioré par la mise en place de plan de prévention et de protection adaptés. Les entreprises seront ainsi mieux armées pour faire face aux enjeux de la compétition économique nationale et internationale et pourront plus sérieusement concentrer leurs efforts sur leur développement.

Mais pour une meilleure relance de la mission APCI dans sa nouvelle version, il est nécessaire que les assureurs communiquent auprès de leurs intermédiaires et de leurs clients.

Pascal Gavid
Ingénieur Prévention Conseil
Axa Entreprise
Membre du Conseil d’Administration de l’AGREPI