Le point sur la situation de l’epidémie de grippe aviaire A (H5N1)

La grippe aviaire est une infection par un virus grippal qui comprend plusieurs genres (ou types) dont influenza virus A. Celui-ci est divisé en sous-types parmi lesquels H5 et H7. Cette infection peut toucher presque toutes les espèces d’oiseaux, sauvages ou domestiques. Elle peut être fortement contagieuse, surtout chez les poulets et les dindes, et peut entraîner une mortalité extrêmement élevée, en particulier dans les élevages industriels. Le virus influenza aviaire infecte parfois d’autres espèces animales, notamment le porc. Les canards domestiques, chez qui l’infection est le plus souvent asymptomatique, pourraient jouer un rôle important dans la dissémination du virus en servant de réservoir silencieux.

Les virus de la grippe aviaire peuvent exceptionnellement être transmis à l’homme. Cette transmission s’effectue essentiellement lors de contacts fréquents et intensifs avec des secrétions respiratoires et des déjections d’animaux infectés. Le tableau clinique chez l’homme est marqué par une infection respiratoire aiguë sévère, d’évolution souvent fatale. L’infection peut également prendre d’autres formes cliniques (digestives, par exemple), voire être asymptomatique. Le diagnostic biologique est réservé à certains laboratoires spécialisés. Des traitements antiviraux peuvent, dans certaines situations, avoir une certaine efficacité en prévention ou dans la prise en charge thérapeutique.

Le risque majeur représenté par les virus aviaires A(H5N1) est qu’ils s’adaptent à l’homme et qu’une transmission interhumaine s’installe. Ce virus peut s’adapter de deux façons : soit en mutant progressivement, soit en se recombinant avec une souche virale humaine. Cette recombinaison pourrait survenir chez un hôte intermédiaire (porc) ou chez l’homme à l’occasion d’une co-infection. Une souche recombinée ou qui aurait mutée pourrait acquérir une capacité de transmission interhumaine. Le risque de dissémination deviendrait alors important, compte tenu de l’absence d’immunité de la population mondiale vis-à-vis de cette nouvelle souche.

En décembre 2003, une souche virale de type A(H5N1), a été identifiée dans des foyers de grippe aviaire en République de Corée et signalée à l’OIE (Organisation Mondiale de la Santé Animale). De nombreux autres foyers aviaires causés par ce virus ont été depuis identifiés dans plusieurs pays d’Asie. Cette épizootie a été à l’origine d’une centaine de cas humains (voir situation épidémiologique) dans les pays touchés.

Situation de l’épizootie A(H5N1) (épidémie animale)

Depuis le début de l’épizootie (décembre 2003), 56 pays ou territoires ont notifié des infections chez des oiseaux sauvages ou d’élevage: Afghanistan; Albanie; Allemagne; Arabie Saoudite; Autriche; Azerbaïdjan; Birmanie; Bosnie-Herzégovine; Bulgarie; Burkina Faso; Cambodge; Cameroun; Chine; Chypre; Corée du Sud; Côte d’Ivoire, Croatie; Danemark; Egypte; France; Gaza; Géorgie; Grèce; Hong-Kong; Hongrie; Inde; Indonésie; Irak; Iran; Israël; Italie; Japon; Jordanie; Kazakhstan; Koweït; Laos; Malaisie; Mongolie; Niger; Nigeria; Pakistan; Pologne; Roumanie; Royaume-Uni (Ecosse); Russie; Serbie Monténégro; Slovaquie; Slovénie; Soudan ; Suède; Suisse; Thaïlande; Turquie; Tchéquie; Ukraine; Vietnam.

Sur le continent européen, des épizooties dues au virus A(H5N1) ont touché des élevages de volaille dans 9 pays: Albanie, Allemagne, Chypre, France, Roumanie, Russie, Serbie-Monténégro,Turquie et Ukraine.

Par ailleurs, des oiseaux sauvages, le plus souvent des cygnes, ont été trouvés porteurs du virus A(H5N1) dans 15 autres pays d’Europe à ce jour: Autriche, Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Croatie, Danemark, Grande-Bretagne, Grèce, Hongrie, Italie, Pologne, Slovaquie, Slovénie, Suède, Suisse et Tchéquie.

L’infection par le virus a également été récemment identifiée chez des chats domestiques en Allemagne et en Autriche. Des infections chez des félins avaient déjà été identifiées en Asie en 2003-2004. Aucun de ces cas n’a été à l’origine d’une transmission documentée à l’homme.

Une infection a également été documentée chez des mustélidés (vison et fouine) en Allemagne et en Suède. Ces animaux sauvages très sensibles aux virus de la grippe se sont probablement contaminés en mangeant des cadavres d’oiseaux infectés.

Situation des cas humains

Cas humains en Asie

A ce jour, des cas humains ont été identifiés dans 5 pays d’Extrême Orient : Cambodge, Chine, Indonésie, Thaïlande et Vietnam.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), depuis le début de l’année 2006, de nouveaux cas sont survenus en Chine (9 cas, 7 décès) et en Indonésie (15 cas, 13 décès) et au Cambodge (2 cas, 2 décès).

Cas humains au Moyen Orient / Caucase

Depuis le début de l’année 2006, 22 cas humains dont 11 décès ont été confirmés par l’OMS dans 3 pays de cette région du monde: l’Azerbaïdjan (8 cas, 5 décès), l’Irak (2 cas, 2 décès) et la Turquie (12 cas, 4 décès).

Pour la plupart des cas humains décrits en Asie ou au Moyen-Orient/Caucase, la contamination a pour origine des contacts avec des animaux malades ou morts, ou avec leurs déjections. Cependant, la possibilité d’une contamination interhumaine consécutive à des contacts étroits et répétés au sein de groupes familiaux a été évoquée lors d’une vingtaine d’épisodes en Azerbaïdjan, au Cambodge, en Indonésie, en Thaïlande, en Turquie et au Vietnam. Toutefois, cette possible transmission interhumaine est restée limitée et n’a pas donné lieu jusqu’à présent à une transmission communautaire secondaire.

Cas humains en Afrique

Au cours des dernières semaines, le ministère égyptien de la santé a déclaré 12 cas humains (dont 4 décès) confirmés par l’OMS. Il s’agit des premiers cas humains identifiés sur le continent africain.

A ce jour, les informations dont l’InVS dispose sur les nouveaux cas notifiés n’apportent aucun élément en faveur d’une modification des modes de transmission de la maladie. Selon l’OMS, le niveau d’alerte pandémique reste inchangé (phase 3).

Les mesures de contrôle

Sur le plan animal , les mesures recommandées consistent en une mise en quarantaine des foyers animaux identifiés, puis leur abattage, ainsi que celui des animaux potentiellement exposés. Afin d’éviter une contamination de ferme à ferme, il est nécessaire d’appliquer rigoureusement des procédures de décontamination du matériel utilisé dans ces fermes (vêtements, voitures…). Une conférence internationale, sous l’égide de l’OMS, de l’OIE et de la FAO, s’est tenue en juillet 2005 afin de statuer sur les mesures nécessaires pour prévenir la transmission du virus. Les principales recommandations insistaient sur la nécessité d’élever les différentes espèces animales séparément, en évitant notamment tout contact entre les volailles et les porcs, de mener de larges campagnes de vaccination sur ces animaux dans les zones à haut risque de transmission, et d’encourager les éleveurs à signaler les cas suspects de grippe aux autorités en prévoyant un dédommagement adéquat pour le préjudice financier subi en cas d’abattage.

Sur le plan humain , des mesures de précaution individuelles sont recommandées pour les personnes exposées à des volailles infectées. De même, pour les voyageurs se rendant dans des zones où il existe des foyers animaux, il convient de respecter certaines précautions (http://www.grippeaviaire.gouv.fr/rubrique.php3?id_rubrique=46). A l’heure actuelle, il n’existe aucun vaccin humain contre la grippe aviaire A(H5N1).

Le risque de pandémie grippale est pris en compte par les pays de la Communauté Européenne, et notamment par la France qui dispose d’un plan gouvernemental de lutte élaboré dans la perspective d’un tel événement.