Dans les suites immédiates de la terrible canicule d’août 2003, l’Institut de veille sanitaire a réalisé ou contribué à de nombreux travaux épidémiologiques qui visaient à :
- renseigner la surmortalité toutes causes attribuable à l’événement météorologique extrême, dans les plus grandes villes françaises et à l’échelle nationale (étude Inserm) ;
- identifier, par deux grandes enquêtes cas-témoin, les facteurs de risque de mortalité chez les personnes âgées décédées à leur domicile et en institution ;
- connaître dans les 9 villes du programme de surveillance air et santé, la part attribuable respectivement à l’ozone et à la température dans la mortalité.
A l’inverse de la plupart des pays européens, également très touchés par la canicule 2003, tous les résultats de ces investigations ont été en France rendus publics très précocement.
Un accord-cadre a été signé avec Météo-France au début de l’année 2004. L’intention était de faciliter la mise en place de dispositifs de prévention et d’alerte contre les risques sanitaires d’origine météorologique. Ce partenariat scientifique a notamment permis de concevoir et de mettre en opération au cours de l’été 2004, pour la première fois en France, un système national d’alerte canicule et santé (Sacs). Ce système, qui implique le Département santé environnement, la Cellule de coordination des alertes de l’InVS et les Cellules interrégionales d’épidémiologie (Cire), s’insère dans le Plan national canicule (PNC) du ministère chargé de la santé : le PNC, à la définition duquel l’InVS a largement participé, définit les actions destinées à prévenir un impact sanitaire en rapport avec une forte vague de chaleur.
Après un premier été de fonctionnement, l’InVS s’est engagé dans un processus d’amélioration du système d’alerte, en le soumettant à une évaluation externe et en organisant (en février 2005) un atelier international auquel ont été conviés les principaux opérateurs européens et américains des systèmes d’alerte canicule et santé. Des groupes de travail internes associant des partenaires comme Météo-France ou le CNRS ont également permis d’apporter des améliorations notables au système. Les modifications apportées au système ont été soumises à une nouvelle évaluation en 2005, en interne comme en externe, et le Sacs a été encore amélioré en 2006. Des changements ont également été apportés au Plan national canicule (PNC) dans lequel s’inscrit le système.
Le système national d’alerte canicule et santé 2006 (Sacs 2006) sera en opération du 1er juin au 31 août de cette année. Il reprend le dispositif de surveillance et d’alerte mis en place en 2004. Ce système est coordonné par l’Institut de veille sanitaire, il constitue un des fondements du Plan national canicule qui a également fait l’objet d’une actualisation et qui fera l’objet d’un exercice de mise en situation les 29 et 30 mai 2006.
Pour chaque département français métropolitain, un indicateur biométéorologique double a été défini par l’InVS et Météo-France. Cet indicateur est calculé à partir des moyennes sur trois jours de températures minimales et maximales. Des seuils d’alerte ont été définis pour cet indicateur. Ils correspondent à un risque de surmortalité élevée.
Sur le plan local, la prévision ou la réalisation de l’atteinte ou du dépassement de ces seuils conditionne l’activation d’un niveau de “mise en garde et actions”. Cependant des critères supplémentaires seront pris en compte en plus des indicateurs biométéorologiques pour proposer une alerte. Ces critères, qui représentent une nouveauté depuis l’été 2005, concernent l’incertitude liée aux prévisions météorologiques, ainsi que d’autres critères plus qualitatifs (intensité, durée et extension géographique de la vague de chaleur, humidité de l’air, vent, plus ou moins grande fiabilité des prévisions météorologiques du jour, qualité de l’air, départs en vacances, etc.).
Parallèlement, un système de surveillance d’indicateurs sanitaires (décès enregistrés par les bureaux d’état civil, interventions des pompiers et du Samu, fréquentation des services d’urgences hospitaliers) permettra d’apprécier l’impact éventuel d’une vague de chaleur.
Le Plan national canicule se décline selon trois niveaux.
– Le niveau de veille saisonnière correspond à la période du 1er juin au 31 août.
– Le niveau de mise en garde et actions est déclenché en cas de prévision de dépassement des seuils le jour même ou avec un à trois jours d’anticipation.
– Enfin, le niveau de mobilisation maximale correspond à une situation exceptionnelle qui nécessite la mobilisation de l’ensemble des acteurs impliqués dans le PNC et dépassant le champ sanitaire. Le PNC décrit les actions devant être mise en place pour chaque niveau afin de prévenir les conséquences sur la santé de la chaleur.
Pour l’été 2006, en cas d’activation du niveau de mise en garde et actions, l’Institut de veille sanitaire publiera un bulletin sur son site Internet avec une description de la situation et les recommandations à adopter en cas de fortes chaleurs.
Source : Institut de Veille Sanitaire