Dans la série consacrée à “La crise sociale française”, Le Monde du 20 décembre traite, dans son second volet, de “l’impact des nouvelles formes de pénibilité au travail” sur la santé.
Aux commandes, Philippe Askenazy, économiste et chercheur au CNRS, qui constate que “les entrepreneurs français n’ont pas assez conscience, pour leurs salariés et pour la productivité, des risques liés aux nouvelles façons de travailler”. L’économiste remarque notamment que “le mouvement global d’amélioration progressive des conditions de travail qui avait caractérisé le XXème siècle s’est inversé au tournant des années 1990”. Les transformations de l’économie et ses changements organisationnels inséparables des technologies de l’information et de la communication, ne sont naturellement pas un monopole français. La montée des TMS ou l’intensification du travail ont été observées dans la plupart des pays développés à partir du milieu ou de la fin des années 1980. Mais cette évolution n’est pas inéluctable. Ainsi, “dans la plupart des pays européens comme en Amérique du Nord, des entreprises se sont efforcées de réduire l’usure au travail et d’améliorer les organisations”. (…) . Avec pour conséquence “une stabilisation, voire un reflux, des effets délétères des nouvelles organisations, la plupart des indicateurs de santé au travail s’améliorant”. Par exemple, la fréquence des TMS baisse aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne ou se stabilise en Allemagne, depuis une décennie. Au total, “l’amélioration des indicateurs de santé ou d’absentéisme s’est traduite dans ces pays par des gains de l’ordre de 1 % du PIB pour les comptes sociaux ou des entreprises”. Mais voilà, “la France semble à la marge de cette tendance favorable”. L’écart de fréquence entre la France et la moyenne européenne se creuse et le coût des atteintes à la santé dues au travail s’envole. Le “problème français” serait “moins lié à la mondialisation des modes de production ou au développement d’un capitalisme cynique qu’aux défaillances d’un compromis collectif caractérisé par l’inadaptation de ses régulations et l’impréparation de ses élites”, conclut l’auteur.
Source : Le monde