Tabacs hors la loi : Moins de 3 semaines pour anticiper…

Par Véronique MARTINACHE

PARIS (AFP) – A moins de trois semaines de l’entrée en vigueur de l’interdiction de fumer dans les lieux publics, fumeurs et entreprises sont avides d’informations sur les méthodes de sevrage et la nouvelle règlementation.

Le trafic du site internet Tabac Info Service (www.tabac-info-service.fr) a explosé au cours de la première semaine de janvier avec 73.000 visites, contre 27.000 sur tout le mois de novembre et 31.000 en décembre.

Une augmentation imputable à la fois au traditionnel effet “bonne résolution” de début d’année et à l’imminence de l’interdiction de fumer dans les lieux publics, au 1er février, selon l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes). Il sera encore possible de fumer dans les cafés, restaurants et autres lieux de convivialité jusqu’au 1er janvier 2008.

Les volumes d’appels sur la ligne Tabac Info Service, le 0 825 309 310 (0,15 euro par minute), ont doublé au cours de la première semaine de janvier par rapport à une période de “routine”, passant de 150 appels par jour à environ 300.

L’Inpes relève “une forte augmentation d’appels provenant d’entreprises” souhaitant s’informer sur les conditions d’application de la loi et les solutions qu’elles peuvent proposer à leurs salariés pour les aider à s’arrêter de fumer.
Les moins de 25 ans sont plus nombreux à appeler depuis la mi-décembre, s’inquiétant des conséquences de l’application de la loi dans les établissements scolaires. La proportion d’appels en provenance des jeunes reste cependant inférieure à 5%, note l’Inpes.

Devant l’afflux de demandes des entreprises et administrations, l’Office français de prévention du tabagisme (OFT) va être contraint d’embaucher. C’est “la folie absolue”, souligne son président, le Pr Bertrand Dautzenberg, “on est au-dessus de tout ce qu’on peut faire”. En décembre, a-t-il précisé, l’OFT a mené des actions dans 120 entreprises de la région parisienne, plus du double qu’habituellement.

Dans l’attente de données chiffrées pour le début de l’année sur la consommation de substituts nicotiniques et l’activité des consultations de tabacologie, des acteurs du secteur font d’ores et déjà état d’une progression “ressentie” ou attendue.

Chez Pfizer Santé Grand Public (Nicorette), on souligne qu’à chaque fois qu’un pays d’Europe a renforcé sa législation anti-tabac, cela a entraîné “un pic de vente de quelques mois” des substituts nicotiniques. Le laboratoire a enregistré en décembre en France une progression du marché de 22% (en valeur) comparé à la même période en 2005.

Pierre Fabre Santé (Nicopatch) mentionne un nombre important de demandes de renseignements de médecins ou de pharmaciens, mais indique ne pas avoir noté de “croissance forte du marché” sur les deux derniers mois.

Le laboratoire GSK (Niquitin) indique une progression de 11,1% de ses ventes en valeur, du 13 novembre au 10 décembre, par rapport à la même période en 2005.

En ce qui concerne l’activité des consultations de tabacologie, les délais d’attente “catastrophiques” en 2003/2004, sont revenus à la normale en 2005/2006, selon l’OFT. Le délai d’attente moyen pour un premier rendez-vous était en novembre de 15 jours, selon le tableau de bord mensuel de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies.
Cependant le Pr Dautzenberg, pneumologue à la Pitié Salpêtrière, indique que “tous les records ont été battus en décembre” dans la distribution de substituts nicotiniques dans son service, pour les personnels et les patients.