Tabagisme au travail : Evaluation des bénéfices d’une interdiction…

MUNICH (AFP) – L’interdiction de fumer sur le lieu de travail pourrait réduire de 8% l’incidence des cancers du poumon et jusqu’à 30% l’apparition d’asthme ou de bronchite chronique, selon une étude réalisée dans 14 pays européens présentée lundi au 16e congrès européen de pneumologie.

Un total de 7,5 millions de personnes sont exposées au tabagisme passif sur leur lieu de travail dans 14 pays de l’Union européenne, et 24,6 millions aux Etats-Unis, selon cette étude présentée à Munich par Maritta Jaakkola, réalisée par des universités de Birmingham (Royaume-Uni) et Oulu (Finlande).
L’Espagne et les Pays-Bas sont les pays qui ont les plus fortes proportions d’adultes exposés à la fumée des autres (respectivement 32 à 54% et 29 à 38%), tandis que les plus faibles proportions se trouvent dans les pays nordiques ayant adopté les premiers des législations antitabac comme la Finlande (seulement 8%).
Selon les calculs de la chercheuse Maritta Jaakkola, une législation antitabac sur les lieux de travail permettrait d’éviter 4% à 9% des cancers du poumons et des maladies coronariennes dans des pays comme l’Espagne ou les Pays-Bas, et de 8% à 32% des bronchopneumopathies chroniques obstructives (BPCO), des cas d’asthme et des pneumonies sévères.
En Belgique, en Allemagne, en France et au Royaume-Uni, qui ont des expositions légèrement plus faibles, ce sont de 4% à 18% des maladies concernées qui pourraient être évitées.
“Aux prévalences (fréquences) actuelles d’exposition au tabagisme passif sur les lieux de travail, l’impact potentiel sur la santé publique de législations adaptées est donc substantiel”, estime Maritta Jaakkola.
Les législations nationales pour le contrôle du tabagisme sont très inégales d’un pays à l’autre, a déploré pour sa part Luk Joossens, de l’Association européenne des ligues anticancer à ce congrès de la Société européenne de pneumologie (ERS), qui se déroule à Munich du 2 au 6 septembre.
Le spécialiste belge a dressé une sorte de “hit parade” des législations nationales dans trente pays, prenant en compte l’interdiction de fumer dans les restaurants ou les transports publics, les aides offertes pour une désaccoutumance tabagique et leur remboursement, les interdictions de la publicité pour le tabac, ou encore le prix des cigarettes les plus populaires.
En tête du classement, viennent l’Irlande, le Royaume-Uni, la Norvège ou l’Islande, tandis que se retrouvent en queue de peloton le Luxembourg (dernier), l’Autriche et l’Espagne, la Suisse, l’Allemagne et la Grèce. Dans le milieu du classement, on trouve la Belgique, les Pays-Bas, la France et l’Italie.
“Ce n’est pas un hasard si le Royaume-Uni, relativement bien placé, dépense plus de deux euros par habitant, et si la loi en Islande (également parmi les meilleurs) oblige à consacrer aux mesures antitabac au moins 0,9% de ce que les consommateurs dépensent pour leurs cigarettes”, a souligné Luk Joossens. A titre de comparaison, cette dépense par tête d’habitant en Allemagne n’est que de 0,01 euro.
Une bonne nouvelle ressort toutefois du travail présenté par Christer Janson de l’université d’Uppsala (Suède), provenant d’une vaste enquête européenne sur la santé respiratoire des Européens, réalisée en deux temps avec neuf ans d’écart. Depuis le début de l’enquête, le nombre d’individus non-fumeurs exposés, en général, au tabagisme passif a décliné de 50% en Europe.

Source : AFP (5 Septembre 2006)